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Anaïs Chartier, une plume, des histoires...

Anaïs Chartier, une plume, des histoires...
17 septembre 2013

Premier roman disponible !

Mon premier roman disponible ! Il est signé de mon pseudonyme Adèle Chartier.

"Émile et Charlotte, enfants de bateliers, sont devenus bateliers à leur tour. Émile aime Charlotte, mais Charlotte est partie avec un autre. Contre toute attente, elle rentre à la maison. Mais ayant perdu leur péniche, ils sont contraints de vivre chez la mère d’Émile. Une cohabitation parfois difficile pour ce couple habitué à la vie nomade.

En Belgique, dans les années 1950, une histoire d'amour entre un homme et une femme, mais aussi entre ces couples voyageurs et leur mode de vie."


Ça  se passe ici !

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27 novembre 2012

Clair obscur - incipit

Il s'agit de l'incipit d'un nouveau roman. Le narrateur raconte ses rencontres avec des femmes, et décrit ses fréquentations. J'ai toutefoisz fort peu d'idées et me laisse porter par mon écriture.

 

 

 

                                                                                  I.





    Mademoiselle de Baudeprés est une parfaite idiote. Elle a obtenu son Baccalauréat avec mention, elle suit des études à l’Université, elle fréquente les expos, théâtres et manifestations culturelles en tous genres et discute avec les plus éminents spécialistes de son époque. Mais si elle est cultivée, elle est parfaitement imbécile. Son exquise petite bouche laisse sortir un babil qui m’est parfaitement indifférent.
    Je l’ai rencontrée dans une soirée mondaine. Les jeunes filles y sont conviées à ce seul but : divertir les vieux briscards comme moi. Elles pensent être intégrées dans le monde, comme leurs parents le leur ont appris, en souriant aimablement, en faisant des courbettes. Erreur : c’est en souriant à pleines dents, bouche grande ouverte, et en se laissant frôler, qu’elles peuvent espérer avoir une chance. Albine de Beaudeprés, parmi toute cette jeunesse, s’élevait. Elle était plus grande, plus blanche, plus lumineuse que les autres au teint gris.
    Qu’étais-ce que cet air limpide sur le visage encore frais de la demoiselle ? Pourquoi les autres étaient-elles moins claires ? Elles étaient jolies, avec leur mine de chatte, leurs cheveux lustrés, leurs tailles fines enroulées dans un tissus soyeux. Mais elles avaient quelques chose de moins qu’Albine.
    La brunette était de dos. Ceinte dans une robe en velours carmin, c’était peut-être cette couleur qui m’attira. Je revois son chignon châtain, ses bas crème, ses chaussures à talon vernies. C’était il y  a deux semaines mais c’était hier. Elle portait un verre à ses lèvres, le posa délicatement sur la table, puis, indécise, se tourna enfin vers moi. Je lui souris. Elle me rendit ma grimace. Je m’avançai vers elle :
    - Beaucoup de monde dans cette soirée.
    - Vous n’avez pas de verre…
    - Vos parents ne sont pas présents ?
    - Je vais vous chercher une coupe.
    Ce dialogue sans logique s’est éternisé. J’admirai la splendeur de cette jeune personne. C’était troublant de découvrir une nouvelle jeune fille. J’en étais à chaque fois ému. Mais je n’étais pas présenté à elle. Personne ne vint me donner son nom, ni lui offrir le mien. Je maudissais l’hôte, qui était bien incapable.
    Je décrochai de son babil. Les mots sans ton sortaient de ses lèvres teintées de rouge et ne m’atteignaient plus. Mais je ne rencontre pas les femmes pour leur discussion. Chacun sait quelles n’en ont pas, même si elles adorent parler.
    Une grande fille maigre s’approcha alors.
    - Albine, allons-y, je crois qu’il est l’heure.
    Elle était très impolie de me retirer mon jouet. Mais elle avait eu le mérite de me fournir le nom de ma conquête. Aline m’abandonna dans un sillage de Guerlain sucré. Je regardai onduler son dos à mesure qu’elle avançait vers l’entrée, où un domestique l’aida à se vêtir de son manteau de fourrure.
    Je revis Albine deux jours plus tard. Elle était délicieuse. C’était une petite maligne qui savait cde qu’elle voulait. Son intérêt, elle le connaissait déjà. Mademoiselle Albine n’était pas une oie blanche, à l’inverse de ce que pouvait laisser présager son prénom. Elle se laissait embrasser sans ciller, sans s’effaroucher le moins du monde.
    La première fois que nous étions sortis ensemble, je l’avais menée au cinéma. Je savais par expérience qu’un tel spectacle plaisait aux jeunes filles. Une séance passée à admirer un film était moins intimidant que discuter dans un café. Et puis, cela nous permettait d’avoir ensuite un sujet de discussion. Mais Albine faisait partie de ces jeunes filles qui sont déjà femmes dans leur tête. Nulle besoin de briser la glace.
    Pendant la séance, j’avais contemplé son visage concentré. Son nez retroussé. Ses joues blanches qui captaient la lumière de l’écran. Son front haut. Ses yeux noirs, fixes, animés de petits tremblements trahissant le travail du nerf optique. Albine regardait le film en s’appliquant.
    A la sortie, elle m’avait déposé un baisé sur la joue, cette folle hirondelle. Je lui ai proposé d’aller boire un café. Bras dessus, ras dessous, nous étions allés vers le troquet le plus proche. Elle agissait comme ses semblables. Elle était fière de marcher au bras d’un homme tel que moi. Je voyais son regard victorieux, lorsqu’elle croisait une jeune fille seule. Droite, le sourire figé, elle semblait faire complètement fi des principes qu’on lui avait inculqués - comme, par exemple, éviter de coller de trop près un homme quand on n’est pas son épouse.
    Nous nos installâmes au fond du café, elle sur la banquette, moi sur la chaise de bois. Une fois le film décortiqué, nous discutâmes philosophie, culture, et même politique. Albine tenait le même discours que les jeunes filles qui vont à l’université. Elle pensait m’exposer ses idées, alors qu’elle ne faisait que ressasser ce que lui avaient dit ses professeurs. Mais son babil était charmant, et contrairement aux vieux barbus qui lui enseignaient ses thèses, elle se laissait docilement caresser la main. Fraîche, naïve, elle me regardait lui répondre doctement.
    Je repense à Albine comme j’eus pu repenser à une autre. Pourquoi Albine ? Des Albine de Beaudeprés, il en existe des dizaines dans ma vie. Leur comportement est toujours identique. Elles ont divers degrés de pudeur, mais toutes acceptent le rendez-vous au cinéma. Toutes se laissent guider vers un café. Toutes se font inviter au restaurent. Et l’issue est, pour 80 % d’entre elles, toujours la même - les jeunes filles que je rencontre, ces filles de bonne famille, ne sont pas farouches, jamais. Mais dans les appartement bourgeois et sombres des allées haussmanniennes, ces bâtisses où l’on surveille de près les convenances, on trouve surtout de ces descendants de nobles et nobliaux, prêts à tout pour obtenir les faveurs du roi - en envoyant, pourquoi pas, sa fille dans les draps du souverain.
    Albine avait, chaque fois que nous nous voyions, le même air. Elle avait cette mine stéréotypée de fille de bonne famille qui ne voit pas le mal à sortir avec un homme âgé de 20 ans de plus qu’elle, mais qui, au fond, sait bien que cela constitue l’un des interdits les plus sacrés. Albine de Beaudeprés avait l’âme d’une catin dans un corps de sainte.
    Combien en ai-je connu, des Albines, qui se croyaient seules dans ce cas ? Des Albines à la peau blanche mais aux désirs plus noirs que le charbon.
    


    Albine avait besoin de m’écrire. Il paraissait inconcevable, pour ces jeunes personnes, de m’épargner les détails de leur vie. J’avais droit aux balades en cheval dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, aux cours à l’université, à la moindre de ses vapeurs. Elle posait des questions sur ma personne, mais derrière ses interrogations qui me mettaient toujours sur le devant de la scène se cachait toujours une seule personne : elle-même. Jusque dans ses moindres remarques, il n’était question que d’elle. Ainsi, quand elle m’écrivais que l’odeur de tabac qui imprégnait mes lettre lui faisait penser à moi, c’était une manière de se mettre en scène, en soulignant sa douleur de ne pas être à mes côtés.
    Je répondais peu au courrier qu’on m’envoyait. Je n’avais pas besoin de m’épancher, contrairement aux jeunes filles prolixes. Je n’étais pas là pour raconter ma vie.

30 mai 2012

ILE

Le mois d'avril file. 

Moi sur le Nil s'habille

De mai, demain.

30 mai 2012

Et j'en passe

Je suppute 

Que cette pute

Lutte.

Je déplore

Que la mort

M'adore.

30 mai 2012

No name

Regarde passer les jours,

Contemple l'oeuvre de l'amour.

Mache les yeux fermés

Pieds et poingts liés.

Chante comme si tu allais

Mourir le premier.

Vis comme si tu devais

Demain m'abandonner.

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24 mai 2012

Res publica

Je mange à genoux

et je prie debout 

dans la rue. 

Je suis sans le sou

Je craque et je troue

Ma vertu. 

J'ai perdu le goût

de rire de tout .

je suis nue. 

 

24 mai 2012

No name

J'ai perdu ma place

Je crois que je suis lasse,

Dans la nasse.

Je crois que je ressasse

Les mots qui me passent

Dans la masse

de mon cerveau crasse.

J'espère être de glace

Réelle connasse. 

Il faut que je dépasse

Les limites de glace.

Et trépasse.

 

24 mai 2012

Bang bang

Sur l’air de « comme un boomerang » de Gainsbourg : 
 
D’un sourire, presque exsangue,
Je te regarde passer,
Et je laisse mon cœur tendre
S’habituer au passé.
Je t’ai aimé et ne pense
Oublier ce désir lassé.
Et si un jour je succombe
A l’amour d’un naufragé
Qui trouve en mon cœur en cendre
Un refuge désespéré,
Je lui dirai : je ne peux fondre.
En amour, j’ai déjà donné. 
 
24 février 2012

Prologue

          Elle avait vingt-deux printemps. Elle n’avait jamais aimé, et elle n’avait jamais été aimée non plus. Son cœur, son âme vive de petit animal sauvage étaient neufs et n’avaient jamais servis. Son corps non plus, et j’avoue que c’était ce détail qui me grisait le plus, au fond. Je suis un homme. Comme tous mes congénères masculins, je suis faible. Mais malgré cette faiblesse, il m’aura été donné d’être heureux, une fois dans ma vie.  
          Bien qu’elle soit majeure, elle sortait seulement de l’enfance. Elle était en retard sur ses semblables, déjà aimées, déjà malheureuses. Elle semblait dans un bonheur perpétuel. Peut-être était ce parce que, justement, elle avait cette pureté des anges qui jamais n’ont vécu de passion. Je ne comprenais pas, du reste, qu’elle n’ait jamais connu l’amour. Elle était si belle, si drôle, si intelligente, si merveilleuse enfin, que c’était surprenant. 
          C’était tellement nouveau pour elle, et inattendu, qu’elle n’eut pas peur. J’avais vingt ans de plus qu’elle et l’expérience de mon âge avancé, mais nous étions en 69 : tout était permis. La révolution sociale qui avait commencé, et que je bénissais chaque jour un peu plus, m’autorisait ce genre de comportement. Paris se donnait des airs en noir et blanc. Toute la gamme des gris y passait. Les vieilles pierres projetaient de l’ombre sur les tarasses des cafés, désertées par les parisiens. Il n’y avait plus que nous deux dans la capitale. Le soleil violent inondait les rues. C’était l’été. 
Allongée sur le côté, la bouche cerise entr’ouverte me murmurait des « Robert, est-ce que tu m’aimes ? » qui me fendaient l’âme. Ses questions d’enfant timide tranchaient avec son regard de chat absinthe, étiré d’un trait de khôl vers la tête de lit en chêne, qui ne tarderait pas à craquer. Drapée dans mes draps blancs où d’autres l’avaient précédée, elle ne portait rien d’autre que quelques gouttes de parfum sucré sur sa nuque tiède. Ses longs cheveux châtains, où l’or coulait parfois, cachaient son visage pâle et interrogateur. 
          L’espace d’un instant, je regrettai que d’autres n’aient été à sa place avant elle. Elles avaient profané de leur nudité sa pudeur gracile. Je me rendis compte que je n’en avais pas eu besoin, de ces femmes parées comme des bibelots. J’aurais aimé n’avoir eu qu’elle seule, pour moi. Les autres étaient de trop. Mais elle n’avait eu que moi pour elle seule, et cela, c’était profondément réconfortant. 
          - Robert, est-ce que tu m’aimes ? 
          - Je t’adore.
          - Mais je veux juste savoir si tu m’aimes…
          Voix de gamine, presque implorante. C’était bien trop pour moi. Bien sûr que je l’aimais, j’étais fou d’elle. Elle était devenue mon obsession, l’unique but de chacune de mes journées, ma cible, mon trophée. 
          Le lecteur qui tomberait par hasard sur ces lignes, égarées sur un carnet, perdu dans une malle, au fin fond d’un grenier poussiéreux, pourrait se dire que je ne suis qu’un pervers, une espèce de salaud, et que ça serait bien que je sois mort depuis des lustres, tiens, pour profiter ainsi d’une innocente enfant. Mais c’est tout le contraire : le prisonnier dans l’histoire, l’être perdu et chamboulé à jamais par cette relation, l’homme meurtri, c’est bien moi. 
 
22 février 2012

Balade brisée

D’un sourire, presque exsangue,
Je te regarde passer.
Je laisse mon cœur tendre
S’habituer au passé.
Je t’ai aimé et ne pense
Oublier ce désir lassé.
Et si un jour je succombe
A l’amour d’un naufragé,
Qui trouve en mon cœur en cendre
Un refuge désespéré,
Je lui dirai la vérité :
Je t’ai aimé et ne peut rendre
Un amour fou et engagé. 
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