Le romantisme allemand
Je n'ai pas encore lu d'auteurs allemands - honte à moi, il y a des baffes qui se perdent - mais je peux dire que je l'ai vécu, en tous cas. Actuellement en Erasmus en Allemagne, me voici plongée (plouf!) dans un bain culturel, mélange de langues, civilisations, religions. Je suis bien entourée, mais parfois, j'avoue regarder du côté de la France, avec un air mélancolique. Perchée sur le pont qui enjambe la rivièe, façon poète romantique, ou celui de l'autoroute (moins romantique), j'observe ces bateaux, ces voitures, qui filent, toujours plus vers l'ouest. Je viens de cette autoroute, je suis venue de là, c'est par là que je repartirai, dans quelques mois. Je ne souhaite pas y être déjà, mais d'un autre côté, savoir que l'on va retourner en France rassure.
Rester toujours là où je suis? Certes, non. Regretter d'y avoir passé un an? Grands dieux!
J'aime le brouillard du matin, qui nimbe la vallée de mystères, les pierres de la vielle ville, foulées par les frères Grimm, la lenteur de la rivière, l'ancienne université. Mais le pain français me manque, la langue de Molière aussi, la télé (que je ne regarde jamais en France, notez), des petites choses.
Alors je note, j'écoute Raphaël, Robert, Mylène Farmer, je regarde des filmes bien français, je lis mes classiques et mes contemporains, et j'encaisse, au font de moi, toutes ces images allemandes, qui deviendront, dans quelques temps, des souvenirs. Et je me souviendrai de la Lahn, et je me souviendrai du bus, et je me souviendrai des corbeaux le soir, et je me dirai : oui, j'y étais, ce fut ma vie, et, telle une actrice, je l'ai bien jouée. La pièce est terminée, mais ce fut un succès.